QUI EST-ELLE ?
« La capoeira est le seul véritable sport national brésilien ».
Ces mots prononcés en 1953 par Gelulio Vargas, alors président de la république brésilienne, résonnent étrangement à nos oreilles un demi-siècle plus tard. On identifie plus facilement le Brésil au football, à la samba, au carnaval ou à ses plages mais depuis quelques années s’exporte partout dans le monde cet art martial si particulier, à la fois festif et efficace.
Née aux temps de l’esclavage, cette discipline mélange de musique, de chants, de danse, de jeu et surtout de combat connaît un engouement sans précédent. Sa richesse d’enseignement, tant au point de vue culturel que physique et le caractère de la dualité de ses formes : « capoeira angola » et « capoeira régionale » en font, au-delà du sport de combat majeur du XXIème siècle, une philosophie de vie.
SES ORIGINES : AFRICAINES OU BRÉSILIENNES ?
Entre le XVIème et le XIXème siècle, environ 4 millions de personnes furent déportées de différents pays d’Afrique au Brésil pour y être utilisées comme main d’œuvre, entre autre, dans les champs de canne à sucre ou de coton.
- Origines Africaines ? La capoeira serait basée sur une danse africaine : le « N’golo », une danse de combat utilisée en Angola, présentant de nombreuses similitudes avec la capoeira.
- Origines Brésiliennes ? Formée sur le sol brésilien par des esclaves nés au Brésil.
- Origines afro-brésiliennes ? La capoeira serait une évolution des racines africaines liée à une pratique multiculturelle.
Quelle que soit l’origine retenue, les esclaves ont su développer des techniques de combat pour apprendre à se battre, pouvoir survivre, et surtout dissimuler leur lutte qui leur étaient interdite par les colons.
SON DÉSIR DE LIBERTÉ
Les esclaves étaient souvent gardés dans des « Senzalas », grands logements qui leur étaient destiné, sans aucune considération d’hygiène et de confort. Ceux qui parvenaient à s’échapper du joug de leurs maîtres rejoignaient un « Quilombo », territoire libre établi au fond de forêts inaccessibles où se réfugiaient les esclaves en fuite.
Ils y ont survécu pendant des décennies, dans la clandestinité. Les Quilombos ont disparu à la fin de l’esclavage en 1888.
Le plus célèbre d’entre eux, celui de Palmares, résista pendant plusieurs décennies aux attaques incessantes du pouvoir. Zumbi, son chef fut tué en 1695, lors du massacre qui mit fin à l’existence du Quilombo mais son nom reste toujours lié aux luttes des opprimés contre leurs oppresseurs.
SA LIBERTÉ PROHIBÉE
Elle survivra jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1888 mais elle restera tout de même mal vue par l’autorité qui la considère comme dangereuse. Elle est utilisée notamment par des brigands de tout genre, réunis en bandes appelés « maltas de capoeira », la capoeira s’employait dans la rue où les « capoeiristas » ou « capoeiras » causaient des désordres car ils l’utilisèrent régulièrement pour régler leurs comptes dans des affrontements.
Lors de la guerre du Paraguay en 1864, le Brésil envoya de nombreux esclaves et condamnés faire la guerre en échange de leur liberté et beaucoup de capoeiristes moururent pour un pays qui n’avait aucune considération pour eux.
En 1890, pour interdire le mouvement de la capoeira en expansion, le Brésil créa un délit punissant ceux qui se rendirent coupables de « capoeiragem » : l’exercice de la capoeira. Quiconque était donc surpris à la pratiquer, était emprisonné et pouvait être envoyé aux travaux forcés. La capoeira est restée publiquement confidentielle pendant plusieurs décennies, les capoeiristes étaient anonymes et connus seulement par leur « apelido » : leurs surnoms.
Jusqu’en 1888, la capoeira était pratiquée avec une sorte de tambour. C’est après l’abolition de l’esclavage que des instruments légers et transportables furent introduits, berimbau et pandeiros, que le toque de la « cavalaria » fut joué pour avertir de l’arrivée des autorités et permettre aux capoeiristes de fuir.
La capoeira restait encore une pratique de rue. Ce n’est qu’au début des années 1930 que nous pourrons entrevoir sa réhabilitation.
SA RÉHABILITATION ET SON ÉVOLUTION
En 1930, un capoeiriste bahiannais nommé Mestre Bimba, Manoel dos Reis Machado, 1899-1974, fonde la première école : « Centre de Culture Physique et de Lutte Régionale Bahianaise ». A la capoeira traditionnelle sont intégrées des techniques provenant d’autres pratiques : batuque, boxe, jiu-jitsu et arts martiaux asiatiques.
Afin de distinguer la lutte régionale bahianaise de la pratique de rue, il développe une méthode d’apprentissage basée sur une séquence de 8 enchaînements et fixe un règlement à respecter dans son académie. Le style « Capoeira Regional » est caractérisé par un jeu martial, une batterie sommaire et des toques particuliers.
Batterie :
- 1 berimbau
- 2 pandeiros
Toques :
- São Bento Grande da Regional
- Banguela
- Santa Maria
- Cavalaria
- Idalina
- Amazonas
- Iuna
En 1941, Vicente Ferreiro Pastinha plus connu comme Mestre Pastinha, 1889-1981, fonde sa propre académie à Bahia également : « Centro Esportivo de Capoeira Angola », son enseignement était plus proche des traditions. Selon certains chercheurs, c’est Mestre Pastinha qui aurait introduit l’atabaque dans la batterie d’instruments. La capoeira Angola se caractérise par un jeu proche du sol, assez théâtralisé, utilisant la malice, une batterie complexe et des toques propres.
Batterie :
- 3 berimbaus (Gunga, medio et viola)
- 1 atabaque
- 2 pandeiros
- 1 agogô
- 1 reco-reco
Toques :
- Angola
- São Bento Pequeno de Angola
- São Bento Grande de Angola
SON EXPANSION
Grâce à ces développements, la capoeira quitte l’illégalité en 1940 et le gouvernement la déclare « véritable sport national » au début des années 1950.
Par la suite, la capoeira s’est nourrie de nombreuses influences pour évoluer vers la forme que l’on connaît aujourd’hui, appelée « capoeira contemporaine ». Ce style, en expansion dans le monde entier, a vu naître de nombreux groupes dont le notre « Capoeira Senzala ».
Article rédigé par Graduado Porquinho
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